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Yi Jing, la nouvelle traduction française

Invité : Pierre FAURE

2022/05 - Mai

Le propos

Le Yi Jing est un classique de la sagesse ancestrale chinoise. C’est Le Livre des Mutations que l’on consulte comme un oracle. Jung avait, en son temps, préfacé la traduction de son ami Richard Wilhelm.

Pierre Faure, spécialiste du Yi Jing vient d’en réaliser une nouvelle traduction en français assortie de commentaires puisant dans la culture occidentale. Le texte ancien, consulté par Confucius, est aujourd’hui éclairé par des pensées de Carl-Gustav Jung, Christian Bobin, Boris Cyrulnik, François Cheng, Philippe Jaccottet, Tolkien, Heinrich Zimmer…

Des phrases clés

« J’ai découvert Jung avec les séminaires de Michel Cazenave. »

« Apprendre le chinois à travers les textes de Lao Tseu, c’est motivant. Ce qui m’intéresse, c’est l’accès direct au texte. Il y a une poésie du Yi Jing, la poésie est universelle. La poésie parle tout de suite, au cœur-esprit comme disent les Chinois. La poésie est une matière humaine qui passe les époques et les continents. »

« Faire le grand-saut de – 2500 ans et de l’autre côté de la planète pour se demander : comment ont-ils perçu, pensé les choses ? Et on aperçoit que ce n’est pas si différent de nous … finalement. »

« Dans le texte du Yi Jing, il y a trois niveaux. Le plus ancien, celui des devins, à la fin du 2ème millénaire, début du 1er millénaire, à l’époque Chang et des premiers Tchou. Le niveau intermédiaire est celui de l’allégorie du changement, avec des personnages historiques du XIème siècle avant JC. Le niveau le plus récent est du IIème siècle avant JC et le souci est alors de trouver l’attitude juste par rapport à la manière dont l’univers fonctionne. Puis des commentaires se sont ajoutés, à l’époque Han notamment et le livre a été canonisé. »

« L’exégèse, quand on peut suivre les strates d’un texte et qu’on peut comprendre la pensée et l’époque qui le sous-tend, c’est l’anti-fondamentalisme. »

« Quand on ouvre le Yi Jing, on voyage, on se décentre, on va voir comment, ailleurs, une situation a été perçue. Et la rencontre fait jaillir des sens nouveaux … Faire de la place à quelque chose qu’on ne contrôle pas, les Occidentaux appellent ça le hasard. »

« Qu’est-ce que Jung à trouvé dans le Yi Jing ? Des images archétypales et la notion de – mandat du ciel -. … À l’époque des Tchou, c’est le mandat du souverain et le Ciel désigne l’autorégulation de l’univers. À partir des Han, c’est le mandat de chacun pour réaliser sa nature propre. Pour Jung, c’est proche du chemin d’individuation. Quel est l’endroit où je suis le plus juste avec moi-même, dans mon intériorité et en relation avec les autres ? Comment vais-je m’ajuster avec mon potentiel de départ et le faire éclore ? … Le mandat du Ciel, c’est tout sauf la tyrannie du dictateur. »

« Le vide-médian, c’est passer à un autre modèle de sujet, savoir se placer entre l’Un et le Multiple. Tchouang-Tseu est un des premiers penseurs du Tao. »

Conseils de lecture

Yi Jing, Le Classique des Mutations par Pierre Faure, Coéditions Les Belles Lettres / La Compagnie du Livre Rouge

Histoire de la pensée chinoise par Anne Cheng - Editions Seuil

Leçons sur Tchouang Tseu par Jean-François Billeter - Editions Allia Paris

Le livre du vide médian par François Cheng - Editions Albin Michel