
Foi chrétienne (2) : l’ouverture à l’autre
Invité : Jean-François ALIZON
2021/12 - Décembre
Le propos
Jung, à la suite d’expériences personnelles et professionnelles fortes et profondes, a écrit de nombreux ouvrages sur l’expérience religieuse et notamment de la foi chrétienne. « Réponse à Job » par exemple est un ouvrage de sa maturité. Il a aussi entretenu, tout au long de sa vie, une abondante correspondance avec des théologiens.
Jean-François Alizon - qui étudie de manière approfondie l’œuvre de Carl-Gustav Jung depuis les années 1980 et qui a été notamment président de l’association jungienne de Strasbourg de 2012 à 2015 - nous présente son livre paru en 2021 aux Editions Empreinte : « Jung et le christianisme, un regard neuf »
Des phrases clés
« Dieu, c’est une expérience immédiate, quelque chose qui résulte, le plus naturellement du monde, de la vie de notre esprit, tout comme le chant des oiseaux ou comme le sifflement du vent, comme le tonnerre du ressac. » JUNG
« Jung, dans son travail clinique, constate que notre capacité à aimer nous mène vers le Soi. C’est par cette qualité-là que nous entrons en relation avec la figure divine intérieure. Et c’est parce que cette figure nous aime que nous devenons capables d’aimer. »
« Se tourner vers le Soi, le tout autre que nous, permet d’aller vers l’Autre d’autrui, qui va au-delà de la persona, c’est-à-dire du rôle social. »
« La bonne nouvelle : on naît avec une infinité de potentiels et non pas tabula-rasa. Pendant sa vie, on peut se rebrancher à cette source originelle et repartir du bon pied dans la vie … La clinique jungienne permet de se remettre en relation avec sa sève intérieure. »
« Dans les Humanités classiques – plans en trois parties avec thèse, antithèse, synthèse – on avait cette capacité de penser l’autre plutôt que de démolir l’adversaire pour passer en force … Pour Jung, toute vérité n’est pas monolithique mais paradoxale ; elle est faite d’opposés, comme la vie. »
« Personne ne peut s’arroger le droit de régner au nom de Dieu, avec une vision de cité divine … Il y a deux opposés, la cité de Dieu et la cité des hommes …"
« Pour Jung, qui était en lien avec les physiciens de son temps, l’essence des choses est reliée à l’énergie. Nous sommes habités par une énergie primordiale - la libido – qui est une énergie de vie et d’insertion dans le monde … Jung aimait raconter l’histoire du faiseur de pluie : le sage faiseur de pluie a remis de l’ordre dans sa psyché et cela a remis de l’ordre dans le monde (la ville où régnait la sécheresse) … Voir le mouvement de l’éco psychologie (voir Théodore Roszak et Michel-Maxime Egger). »
« L’idée d’un monde surplombé par un Dieu tout puissant qui organise tout à sa manière n’est plus possible actuellement … L’état du monde n’est pas statique, on n’est pas enfermé dans des puissances qui closent le monde. De nouvelles réalités peuvent surgir parce qu’on est en relation avec une énergie créatrice. La création est à l’œuvre, encore. C’est attesté par le symbole de la résurrection … Il y a une relation de responsabilité avec le monde, qu’il faut assumer, non pas dans un vécu de combat mais de réconciliation. Trouver avec les autres, des relations de rééquilibrages … Les valeurs chrétiennes de respect et de partage restent toujours valables. Avec la compréhension symbolique que Jung a des rites et des dogmes, on peut rester en collaboration avec les chrétiens qui sont restés dans l’Eglise, en comprenant leur langage. »
« Le cep et les sarments dans l’Evangile de Jean, chapitre 15 : c’est l’image d’un moi (branche) qui n’est plus vagabond mais rattaché à un noyau solide, représenté par ce tronc (cep) planté dans la terre. »
Conseils de lecture
Jung et le christianisme, un regard neuf par Jean-François Alizon - Editions Empreinte
La Terre comme soi-même : repères pour une éco spiritualité par Michel-Maxime Egger - Editions Labor et Fides
Eco psychologie : retrouver notre lien avec la terre par Michel-Maxime Egger – Editions Jouvence